25 Décembre à l'hôpital de Hershaw.
Le calme complet, l'apaisement d'un monde inconnu, mais pourtant réel. J'étais moi, mais moi n'était pas encore ce que j'étais. J'étais dans une bulle, un cocon, une protection m'entourait, mais je la sentais se casser, se défaire. J'allais tomber je le savais, je n'en avais plus pour très longtemps. Ça bougeait autour de moi ou plutôt c'est moi qui bougeai, c'était très étrange toutes ces sensations. Je me sentais poussé hors de mon nid, mais je résistai, je m'accrochai de peur de ne plus être dans mon nid tout chaud, et soudain la pression qu'on exerçait sur moi se relâcha. Mais on ne me laissa pas tranquille pour autant, on m'embêtait encore et cette fois on m'attrapa. Je cris, je n'arrivai plus à respirer, je m'étouffai, j'avais besoin d'aide, j'avais besoin de ma bulle mais, elle n'était plus là. D'un seul coup, l'air entre dans mon corps, cela me faisait terriblement mal, mais, je n'avais pas le choix, on ne me laissa pas le choix. Puis vient une lumière qui m'aveugla, moi qui ai toujours vécu dans le noir voilà quelque chose de blanc, de clair et puis des couleurs, des visages étaient autour de moi, on me regardait, mais je ne savais pas où je suis, j'avais peur. Perdu, voilà le mot qui me définissait, je ne savais que faire ni quoi penser, tout ce que je voulais c'est qu'on me laisse en paix et dormir. Quelque chose de chaud m'entoura mais, je ne voyais pas ce que s'était. Brusquement je ne voyais plus rien, ça faisait trop mal. Je me mis à pleurer et j'entendis d'autres cries de larmes, je n'étais pas seule, ma mère était là, celle qui m'avait accompagné pendant ma formation. Soudain je l'entendis, la voix qui m'était tant familière, que j'ai écouté pendant neuf mois. Et maintenant je compris, j'étais enfin moi.
2 Septembre à Hershaw.
Aujourd'hui c'était le grand jour, j'allais enfin à l'école pour la première fois de ma vie. J'allais quitter ma mère pour aller avec des inconnues. Je me préparai ou plutôt, maman me préparait pour que je sois toute jolie et bien coiffé. Quand elle eut finie je me retournai vers ma mère, celle qui a toujours été là pour moi, je lui sautai dans les bras et murmurai-je.
«
J’ai peur d’aller là-bas, je veux pas qu’on soit séparé… »
Je vouai un culte inestimable à ma mère. Je me sentais énormément proche d’elle et je n’avais jamais été séparé d’elle. Enfin nous partîmes tous ensemble pour l’école et je deviens de plus en plus nerveuse. Je pris la main de ma mère dans la mienne et je la serrai fortement ce qui me rassura. Quand nous arrivâmes à l’établissement je me mise à pleurer en m’accrochant désespérément à ma mère. Je ne voulais pas me séparer d’elle, bien qu’elle tentait de me calmer et de me rassurer comme elle le pouvait, rien n’y faisait, je restai inconsolable. Au bout d’une dizaine de minutes, voyant que je n’étais pas près de laisser ma mère repartir sans moi, une dame me prit de force et m’emmena dans la classe. Ce fut une déchirure pour moi…
28 Mai à la maison des Hawthorne.
«
Viens là ma chérie, je vais te raconter ma rencontre avec ton père. »
J'avais toujours voulu savoir cette histoire mais, ma mère m'avait toujours dit qu'elle me la raconterait plus tard. Cette fois j'allais enfin savoir ce qui s'était passé entre eux. Elle me raconta que c'était un soir d'hiver, qu'elle rentrait toute seule. Lui ne savait pas trop où il allait et il courait dans tous les sens pour faire passer le temps. Ils s'étaient rentrés dedans et cela avait été le coup de foutre, ma mère était tombée dès le premier regard fou de lui. Et quelques années après j'étais née, j'avais vu le jour dans l'hôpital de Hershaw...
13 Mai, maison des Hawthorne, Maude a seize ans.
«
Voyons Louve, tiens-toi droite ! Tu ne pas être aussi gentille et intelligente que ta petite sœur ? Regarde-là, elle est parfaite ! Prends exemple sur elle ! »
Comme d'habitude ma mère me faisait des reproches. Je n'étais jamais assez bien pour elle, je n'arrivai jamais à la cheville de ma soeur. Aussi loin que je m'en souvienne, j'avais toujours été dans l'ombre de ma soeur, je n'avais jamais réussie a être la préférée de ma mère. Pourtant, je faisais tout ce que je pouvais, je passai mes journées a faire tout ce qu'elle demandait, à me montrer polie et mature. Je n'allais jamais jouer avec les autres enfants, je restai tout le temps avec ma mère. Ma soeur, quand à elle, était très méchante avec moi, elle me mettait toujours des bâtons dans les roues pour rester meilleure que moi. Je me rappelle d'une fois quand j'avais cinq ans, ma soeur m'avait enfermé dans la voiture toute la journée pour faire croire à notre mère que j'avais oublié son anniversaire. Depuis ce jour, j'ai juré de devenir la meilleure en tout.
***
" Cher journal,
Bien des choses se sont passés depuis mes seize ans. Tout d'abord,je suis parti à la fac où j'ai rencontré mon mari à l'âge de dix-huit ans. Oui, oui, je te promet que ce n'est pas un mensonge, juste un pari; Je n'aimais pas vraiment cet homme, enfin pas en amour, c'était un bon ami. On est quand même resté ensemble sept ans ensemble, ce qui n'est pas rien. Mais il est vrai que cela faisait déjà deux ans que j'avais une liaison avec un de ses amis du travail. D'ailleurs, je suis actuellement enceinte de lui, de deux mois, ce que je ne lui ai pas dis. Nous sommes collègues de travaille et il est donc interdit d'avoir des liaisons entre nous. "